A l’obsession maigreur...
Nous serons en été d'ici quelques semaines.
En prévision de son arrivée prochaine, déferlent, sur nos murs et dans nos magazines, forces publicités vantant la minceur au travers de régimes de toutes sortes, en vue des tenues légères et… des maillots de bain...
En France, 6 femmes sur 10, toutes tranches d'âge confondues, déclarent vouloir maigrir.
Les Françaises, suivies de près par les Italiennes, sont les plus minces d’Europe.
Dans le monde, la France est, après la Corée du Sud, le pays où la volonté de perdre du poids est la plus fréquente chez les femmes.
Par ailleurs, la mode du "thight gap" (espace vide entre des cuisses serrées qui ne doivent surtout pas se toucher) sévit chez les jeunes femmes, dans tous les pays européens et aux Etats-Unis (un peu effrayant à mon goût...).
L’apparence physique est la première cause d’intimidation chez les jeunes. Ce sont les enfants et les adolescents obèses les plus ciblés par les sarcasmes de leurs camarades : 30 % filles et 25 % des garçons avec un surplus de poids disent avoir été intimidés, voire menacés, par leurs pairs.
Certains pays tentent de réagir face à ce "terrorisme de la minceur" :
Une loi en Israël interdit les mannequins trop maigres (IMC inférieur à 18,5) ainsi que les retouches des photos pour faire paraître une femme plus mince.
À Madrid, en 2006, les autorités régionales ont exclu cinq mannequins jugées trop maigres (IMC inférieur à 18, soit 56 kg pour 1,75 m), lors d’un rendez-vous de la mode. Cette décision a été prise après la mort de deux mannequins qui pesaient moins de 40 kg.
L'écart entre "
corps désirable" et "
corps réel" est important dans tous les pays.
En Corée du Sud, la corpulence moyenne des habitants correspond à l'idéal de minceur très largement dominant (81% pour les femmes et 80% pour les hommes)
En Uruguay, la forte corpulence est valorisée pour les femmes (52%) et la minceur préférée pour les hommes (62%).
Inversement, en France, l'image de l'homme corpulent fait relativement consensus (62%), alors que la minceur est davantage valorisée pour les femmes (52%)...
La "
représentation sociale" du corps est ainsi une dimension à prendre en compte quand on parle d'esthétique et de santé.
Comment, dans ce contexte, ne pas publier un billet sur cette "déferlante minceur", ses bienfaits, mais aussi ses dangers ?
J’ai conscience que ce sujet du rapport à notre poids relève de l’intime, ne sommes-nous pas seules lorsque notre pèse-personnes livre son verdict ?
Ce billet ne tombera donc pas dans un échange de courbes pondérales mais traitera, d’une manière plus généraliste, du rapport à la minceur ou à la rondeur chez les quinquagénaires, et plus...
J’aime être mince, c’est l’une des conditions qui font que je peux me sentir bien dans ma peau.
J’ai eu la chance d’avoir la "minceur facile" jusqu’à la ménopause : métabolisme, hérédité, nourriture saine et équilibrée, mais aussi sport, que j'ai toujours pratiqué ?
Mais j’ai très vite compris ce que je prenais pour un acquis de ma nature et de mon style de vie n’en était plus un lorsque, après l’arrêt du traitement hormonal, je me suis mise à grossir sans raison apparente…
Si j’avais fait des excès alimentaires ou si j’avais cessé toute activité sportive, j’aurais pu comprendre, voire accepter, mais ce n’était pas le cas.
J’avais déjà appris à prendre en compte le principe de réalité qui veut qu’après 50 ans, le corps se transforme, que le poids de ses 20 ans n’est plus qu’un rêve inaccessible et qu’il est nécessaire de faire
un compromis entre son idéal minceur et sa réalité corporelle, avec, comme objectifs : se sentir bien dans sa peau, au regard de ses critères personnels et des critères médicaux (ces derniers de plus en plus drastiques, comme vous le constaterez ci-après), avoir encore une image corporelle à peu près satisfaisante, en tout cas qui n’angoisse pas et n’altère pas la qualité de ses rapports aux autres.
Ce fut le moment où ma gynécologue, véritable "terroriste de l’IMC", me dit :
- Vous avez pris 2 kg en un an ; avec votre petit gabarit, que se passera-t-il si vous continuez à ce rythme pendant 20 ans ?
Certes…
- Je suis pourtant mince (pensant, "plus mince que vous"…), lui ai-je rétorqué, mon IMC tourne entre 20 et 21 !
- Oui, mais
faites attention !
Même son de cloche à l’hôpital où j’ai été soignée :
- Ne vous laissez pas aller, conservez votre poids,
faites attention à votre alimentation et surtout, faites du sport !
Alors, à l’instar de mes quatre amies auxquelles je fais souvent référence dans ce blog, j’ai donc décidé de "
faire attention".
D'ailleurs, j'ai constaté que je n'ai rencontré, autour de moi, aucune quinquagénaire qui mange tout ce qu'elle veut sans grossir, mais peut-être mon "échantillon" n'est-il pas assez représentatif ? Ou alors, je doute de la véracité de certains témoignages après avoir vu se comporter à table celles qui déclarent avoir encore la minceur facile, voire naturelle, sans se priver...
"
Faire attention" : expression ô combien douloureuse qui fait redouter les repas familiaux (je suis originaire du sud-ouest, et mon mari fait une excellente cuisine au quotidien), craindre les lendemains de fêtes et redoubler les exercices sportifs.
J'ai la chance de ne pas être gourmande (exception faite pour le chocolat), d'aimer et de pouvoir pratiquer le sport et d'avoir un métabolisme pas trop "déréglé", en dépit des modifications hormonales.
Et cette hygiène de vie, cette discipline au quotidien mise en exergue par les médecins mais aussi par mon désir de ne pas "trop" changer a eu des effets positifs : je suis, en ce moment, à peu près satisfaite de mon poids et je ne redoute pas trop la venue "du temps du maillot"...
J'essaie de faire de la minceur relative un objectif raisonnable et non une obsession, objectif que Jean et moi axons sur quatre grands principes :
- repas pour la plupart équilibrés ;
- régulations après excès (le "régime du lendemain" ou du "retour de vacances"...) ;
- sport, au moins trois fois par semaine ;
- et surtout, jamais de ces régimes drastiques qui frustrent trop et qui se traduisent par une inévitable reprise de poids lorsqu’on les cesse.
J'avoue avoir dans ce domaine une volonté de fer, que j'ai essayé d'analyser : peur de vieillir, deuil difficile de la jeunesse de mon corps, fascination pour des femmes très minces (Kate Middleton ou, dans ma tranche d’âge, Iman Bowie) ?
Certainement toutes ces raisons qui font que je veux rester mince et que je m’applique à le rester.
Et pourtant, il est des femmes rondes que je trouve très belles, mais… pas moi !
Pour conclure cet article, les dangers de ce que j'ai intitulé "
l’obsession minceur" mais aussi une rapide vision des "
troubles alimentaires".
L'obsession de la minceur peut avoir des conséquences graves, et conduire par exemple à l'anorexie, qui peut se présenter accompagnée d’épisodes boulimiques.
Il ne s'agit plus là d'une simple question de régime, le problème est souvent complexe et profond.
10 % des femmes âgées de 12 à 30 ans souffrent d’un trouble grave de l’alimentation et
50% d'entre elles réactiveront ces troubles lors de la mésopause, ou de la grande vieillesse.
Les troubles alimentaires sont des désordres complexes, qui se caractérisent principalement par des habitudes alimentaires anormales et souvent dangereuses (refus systématique de s’alimenter, vomissements provoqués, épisodes boulimiques ou boulimie installée, etc.), ainsi que par une grande préoccupation de son image corporelle. Aussi, ils sont souvent associés à d’autres problèmes sérieux comme la dépression, l’anxiété, le repli sur soi, l’abus d’alcool ou de drogues et les tendances suicidaires.
L’anorexie est cette obsession de la minceur qui entraîne de sévères restrictions alimentaires et, par conséquent, une perte de poids importante. Elle est fréquemment accompagnée d'épisodes d’orgie alimentaire suivis de comportements compensatoires, dont le but est d’éviter le gain de poids ; parmi ceux-ci on compte l’abus de laxatifs, les vomissements provoqués et le jeûne. Au cours d’une orgie alimentaire, une femme boulimique peut ingurgiter plus de 5 000 calories en très peu de temps (l’apport quotidien normal d’une femme se situe autour de 1 800 calories). Par conséquent, les personnes aux prises avec la boulimie ont de fréquentes fluctuations de poids.
Il existe aussi
l’hyperphagie boulimique. Ce trouble alimentaire se caractérise également par des épisodes d’orgie alimentaire qui ne sont pas suivis de gestes compensatoires. Les personnes qui en souffrent sont incapables de se maîtriser lorsqu’elles mangent et présentent, pour cette raison, un surplus de poids important.
Si l’anorexie et la boulimie affectent principalement les jeunes, l’hyperphagie boulimique se manifeste généralement à un âge plus avancé.
La difficulté à désigner ses émotions, à en parler, peut conduire à chercher à les neutraliser d'une autre façon, en particulier en mangeant, pour atteindre un introuvable réconfort.
Le corps gros peut aussi avoir un sens en lui-même. Il peut constituer une défense. Ou au contraire permettre de trouver sa place.
Dans ces conditions, devenir une personne mince peut s'avérer une aventure périlleuse, mettant la personne face à ses difficultés que le corps gros lui a permis de contourner, d'enrober.
Dans les deux cas,
extrême maigreur ou obésité, les nutritionnistes, avec leurs listes d'aliments autorisés ou interdits n'apporteront pas des réponses suffisantes ; pas plus que les psychologues ne sauront pacifier la relation "
guerrière" qui s'est instaurée avec la nourriture...
Les troubles de l’alimentation seraient causés par une combinaison de plusieurs éléments. Les facteurs psychologiques incluent une faible estime de soi, la sensation de ne pas être à la hauteur, le manque de maîtrise de soi, la dépression, la colère et la solitude.
Il est aussi des facteurs biologiques : l’hérédité, les antécédents familiaux de troubles de l’alimentation et de problèmes de poids.
Un autre facteur, que nous avons plusieurs fois évoqué dans ce blog, est la promotion médiatique de modèles de "
femmes irréalistes", et la tendance sociétale actuelle à juger la valeur d’une personne selon son apparence physique.
La dimension psychologique est présente en permanence dans l'histoire d' une prise ou d'une perte excessive de poids, aussi bien dans son origine que dans ses conséquences.
Comprendre le développement de l'obésité ou de la maigreur extrême n'est pas une chose simple. Il s'agit toujours de causes très complexes.
Les troubles alimentaires peuvent avoir d’importantes conséquences physiques. Les recherches montrent que 10 % des gens qui souffrent de troubles alimentaires en meurent. Les principales causes de décès sont un arrêt respiratoire et cardiaque, un déchirement de l’œsophage et... le suicide.
Les troubles alimentaires ne sont pas incurables. Lorsqu’elles suivent un traitement approprié, de nombreuses personnes guérissent. Les chances de guérison sont plus grandes si la maladie est détectée tôt.
A côté de ces troubles, existent aussi des maigreurs extrêmes et des obésités quasi-indépendantes de l'alimentation, imputables à des dérégulations métaboliques.
Même si ce n’était pas le propos de cet article, je tenais à le souligner en conclusion.
A vous maintenant : quel est votre rapport à la minceur ou à la rondeur, avez-vous des stratégies pour parvenir à votre poids souhaité ou vous acceptez-vous telle que vous êtes ?
Très bonne semaine à toutes les lectrices de ce blog !